Le tremblement de terre de Messine
Terrible tremblement de terre en Italie
Une ville détruite en quelques secondes
Le tremblement de terre a pour conséquence
immédiate un gigantesque raz de marée qui projette
bateaux et barques à plusieurs dizaines de mètres à
l'intérieur des terres, les brisant et rendant impossible
toute tentative pour aller chercher du secours par mer,
alors que les voies de communication terrestres
sont devenues impraticables. L'énorme vague
submerge les quais et leurs environs; elle renverse tous les édifices situés en
bordure de mer : l'hôtel de ville, la Bourse, le palais
des Postes et Télégraphes, les hôtels où dorment
de nombreux voyageurs. Des scènes atroces 150 000 personnes succombent, écrasées, brûlées ou noyées dans les décombres de ce qui a été la deuxième plus importante ville de Sicile. La catastrophe sismique détruit, outre Messine, un grand nombre de petites agglomérations éparses sur les rivages de l'île et sur ceux de Calabre. Pourtant, c'est le 29 décembre seulement que l'essentiel de la péninsule italienne et le reste du monde apprennent l'étendue de la tragédie, car le tremblement de terre a provoqué la rupture de toutes les lignes de communication entre le continent et la Sicile. De toute l'Europe, des secours parviennent dans la zone sinistrée. La première grande opération humanitaire de l'histoire se met en place. Les marins des différentes escadres installées en mer Méditerranée interviennent le plus rapidement possible. La France envoie à Messine deux cuirassés et deux contre-torpilleurs, chargés de secours de toute nature.
Des scènes insoutenables ont lieu lorsque les
sauveteurs entreprennent de dégager les rescapés des décombres. Des milliers de
personnes sont restées emprisonnées sous les ruines, les
membres brisés, endurant les pires souffrances physiques
et souffrant le martyre moral de voir mourir des proches
sans pouvoir leur venir en aide. Un père, qui tient dans
ses bras son fils mort, est dégagé : le cadavre et le
blessé sont restés rivés sous les décombres trois
jours durant. Comble d'horreur : le même homme,
impuissant, a assisté à la lente agonie de sa femme, à
demi coincée dans un trou créé par la secousse dans le
plancher de l'étage supérieur, juste au-dessus de sa
tête.
L'exode des survivants dans la ville entièrement détruite par le séisme, une fois les secours enfin parvenus. Ces derniers arrivèrent très tard, toutes les lignes de communication étant rompues.
La destruction des prisons a libéré des
dizaines d'individus louches : les cadavres sont
dépouillés, les maisons visitées — les blessés eux-mêmes sont dévalisés et assassinés afin qu'ils ne puissent porter
témoignage. Le Galilée des tremblements de terre Le déroulement exact du tremblement de terre de Messine est scientifiquement bien connu, car le microsismographe de l'observatoire de la ville — situé dans un souterrain — a été miraculeusement préservé. Il a donc enregistré tous les moments de la catastrophe : ces analyses comptent parmi les plus importantes de la volcanologie du début du siècle, elles déterminent bien des commentaires et galvanisent, en quelque sorte, les études sur les mouvements sismiques. Le tremblement de terre de Messine rappelle en effet à l'Europe que l'écorce terrestre n'est pas la surface stable que l'on a longtemps imaginée mais que des forces énormes continuent de la modeler. Pourtant, lorsque, deux ans plus tard, en 1910, le savant Alfred Wegener énonce sa théorie d'une dérive des continents, il n'est pas écouté. Nul esprit sérieux ne veut croire, à ce moment, que l'Afrique et l'Amérique du Sud aient réellement formé, autrefois, un unique continent. Le Galilée des tremblements de terre n'aura pas été appuyé par les 150 000 morts de Messine.
Les tremblements de terre : dossier spécial en ligne
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