1902 : SAINT-PIERRE détruit par le volcan
LA MONTAGNE PELÉE Le 8 mai 1902, à 7h 50, le volcan de la montagne Pelée émet une énorme détonation et réveille les habitants de Saint-Pierre, en Martinique. Quelques minutes plus tard, les 30 000 habitants de cette ville meurent, brûlés, asphyxiés. Par quel aveuglement collectif sont-ils restés à proximité d'une montagne qui, depuis plusieurs semaines déjà, donnait des signes flagrants d'entrée en activité ?
Le 8 mai 1902, à 7 heures du matin, les grondements de la montagne Pelée sont
effrayants. Une masse de poussière noire gêne les habitants de la ville, les
aveugle et les fait tousser. Soudain, l'obscurité la plus
complète enveloppe la rade. En même temps que s'élève un épais nuage de cendres,
le volcan déverse abruptement des torrents de feu, de vapeur et de boue
brûlante. Au centre de la cité, un souffle d'une incroyable puissance renverse
les murs en pierre de la cathédrale et fait voler des toits et
mal, la cité compte 20 000 habitants environ; le 8 mai, elle en compte
bien davantage, 10 000 personnes, peut-être, étant venues de la campagne et des
bourgs alentour pour chercher un illusoire refuge contre la menace du volcan. Si
bien que ce sont environ 30 000 personnes qui périssent dans la catastrophe de
Saint-Pierre. Où pourrait-on être mieux qu'à Saint-Pierre ?
La responsabilité des autorités dans la catastrophe est considérable.
L'explosion du 8 mai, en effet, était tout sauf imprévisible. Dès le 25 avril,
la montagne Pelée annonce son réveil par de petites explosions et des
vomissements de cendres. Dans les jours qui suivent, l'activité volcanique
s'intensifie avec des détonations de plus en plus
violentes, une forte odeur de soufre et une véritable pluie de cendres tombant
en permanence sur Saint-Pierre. Le 5 mai, une sucrerie proche de la ville est
détruite par la crue d'une rivière soudainement grossie par de l'eau bouillante,
des cendres, de la terre et des rochers pesant jusqu'à 50 tonnes. Malgré tous
ces signes annonciateurs, nul ordre n'est donné d'évacuer la ville. Même, on
laisse la population alentour se grouper à Saint-Pierre. C'est à peine si une
vague enquête est organisée, qui conclut à l'absence de tout danger sérieux. La
vérité est que, des élections devant avoir lieu, l'évacuation de la ville
obligerait à les repousser, ce qui provoquerait un coût considérable et des
tracas pour l'administration. Quoi qu'il en soit, l'inconscience est telle que,
le 7 mai — veille du jour de la catastrophe —, le
rédacteur du journal les Colonies peut écrire : « Où pourrait-on être mieux qu'à
Saint-Pierre ? Ceux qui envahissent Fort-de-France s'imaginent-ils qu'ils y
seront plus en sécurité si la terre se met à trembler? Carte de la Martinique, avec la montagne Pelée et Saint-Pierre.
Nuée ardente
Le terme «nuée ardente» a été proposé par le volcanologue français Albert
Lacroix, venu étudier l'éruption de la montagne Pelée en 1902. Il décrit une
«émulsion de matériaux solides dans un mélange de vapeur d'eau et de gaz à haute
température». La nuée ardente est toujours constituée de deux parties : - à la
base, une avalanche incandescente dense faite de matériaux solides ou pâteux
enveloppés dans une atmosphère de gaz et d'air comprimé à haute température; -
au-dessus, faisant corps avec l'avalanche, un imposant nuage ardent turbulent
constitué de cendres brûlantes soulevées par la chaleur, l'air et les gaz qui se
détendent et s'élèvent en grosses volutes qui roulent les unes sur les autres.
C'est la partie la plus visible du phénomène — celle qui lui donne son nom.
Emile Bené, originaire de. Saint-Pierre, se trouve sur un bateau au large de la
Martinique lorsque le volcan entre en éruption : « 8 mai, les grondements de la montagne sont effrayants et la masse de poussière
nous gêne, nous aveugle et nous fait tousser. [...] Il est 7 h 30 [...] |
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