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Les marges chaudes de la zone
tempérée
Les milieux des marges chaudes de la zone tempérée revêtent deux visages
totalement opposés : une forêt bien développée et des formations maigres ou
buissonnantes.
1. La forêt des façades sud-orientales des continents.
En Chine et aux États-Unis, le climat dit de type chinois est continental en
hiver, c'est-à-dire rigoureux, et presque tropical humide en été : la
température est élevée, mais il n'y a aucun déficit en eau pour les plantes.
Ainsi, à Shanghai, les températures moyennes mensuelles sont supérieures à 20°
de juillet à septembre, il pleut pendant cette période plus de 100
millimètres/mois, et la saison végétative atteint neuf mois.
La forêt « de type chinois » ressemble donc un peu aux forêts tropicales par sa
luxuriance, mais deux caractéristiques montrent qu'il s'agit d'un milieu de
transition : les résineux, signe de la tendance froide d'hiver, et les feuillus
y sont mêlés; les espèces qui composent cette forêt proviennent du domaine
tempéré, comme le tilleul ou le charme, mais aussi du domaine tropical, comme
les palmiers. Cette forêt de transition, unique au monde, s'explique par
l'absence des déserts, comme c'est le cas en Afrique ou en Amérique centrale.
2. Les milieux méditerranéens.
Sous climat méditerranéen {Méditerranée, mais aussi Californie et Afrique du Sud
en partie), l'hiver est très doux, au point que la photosynthèse n'est parfois
jamais interrompue par le froid : c'est ce qui explique l'importance des espèces, comme le chêne vert, qui continuent de croître durant une bonne
partie de l'hiver. En revanche, l'été est chaud et sec, et la végétation doit
s'adapter à des sécheresses de plusieurs mois (feuilles épineuses et vernissées
pour réduire la transpiration par exemple). La photosynthèse est donc ralentie
pendant cette période, et il n'est pas rare que la croissance végétale soit
inférieure l'été à ce qu'elle est le reste de l'année. Ici l'été fait figure non
de morte saison, mais de mauvaise saison biologique.
Les sols sont soumis à de violentes averses qui emportent l'humus et mettent la
roche à nu. Aussi les formations végétales méditerranéennes sont-elles très
fragiles : la forêt de chênes verts sur sols calcaires (ou de chênes-lièges sur
sols acides) se régénère seule sans difficulté, car le sol est protégé par le
couvert des feuillages, qui entretient aussi l'humidité du sous-bois. Mais
lorsque son défrichement est pratiqué sans précaution — souvent pour étendre les
pâturages naturels des ovins (ce fut le cas dans le Bassin méditerranéen) — la
forêt ne peut plus se reconstituer, même si l'exploitation humaine cesse car le
sol a été détruit.
Elle est alors remplacée par des fourrés et des buissons plus ou moins denses,
ou par des résineux, moins exigeants. La forêt de chênes verts laisse la place à
des garrigues, très clairsemées, et la forêt de chênes-lièges est remplacée par
des maquis, comme les «chaparral» américains, très denses, impénétrables. Ces
formations dégradées couvrent de très grandes surfaces dans ces régions où
l'équilibre entre sol, climat et végétation est des plus fragiles. Ces paysages
de conifères et de broussailles, laissés à l'abandon, sont aisément la proie des
flammes durant la saison sèche.
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