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Le travail des cours d'eau
Les cours d'eau entaillent les roches même les plus dures. Ils transportent sur
de longues distances les matériaux prélevés à l'amont et les déposent sur
certains tronçons de leur cours.
1. L'érosion régressive et les captures de cours d'eau.
La pente donne de la force à l'eau courante ; lorsqu'une rivière dévale une
forte pente, elle creuse la partie basse de cette portion raide, l'amène au
niveau de la base puis l'érosion progresse vers l'amont. Les chutes du Niagara,
par exemple, reculent ainsi d'un mètre et demi environ par an. On parle alors
d'érosion régressive.
De la même façon, les petits cours d'eau font reculer leur tète de source au fur
et à mesure qu'ils creusent. Il arrive qu'une rivière particulièrement active
recule ainsi jusqu'à en rencontrer une autre qui a creusé moins vite et moins
profondément. Celle dont le lit est le plus bas s'empare des eaux de l'autre :
il se produit une capture.
2. Les surfaces d'érosion.
La surface de la mer ou celle d'un lac constitue pour les cours d'eau un niveau
de base. A partir de ce niveau, l'ensemble des rivières d'une région repoussent
vers l'amont les portions de pente les plus fortes. Cette érosion, qui se
poursuit sur des centaines de milliers d'années, modèle de vastes surfaces à peu
près horizontales que l'on appelle surfaces d'érosion. Ces surfaces s'étendent
en direction des sources, grâce au travail de l'érosion régressive, jusqu'à ce
que tout relief s'estompe.
Si un mouvement tectonique soulève à nouveau la région entière, ou si le niveau
de la mer s'abaisse, les cours d'eau acquièrent des forces nouvelles et
l'érosion reprend son travail d'aplanissement. Les rivières principales
s'encaissent à mesure que s'abaisse le niveau de base et les affluents
repoussent les pentes vers l'amont. Mais il est rare que ce travail puisse être
complètement achevé. Une nouvelle variation du niveau de base vient
l'interrompre. Les paysages gardent souvent les traces de plusieurs surfaces
correspondant à différents niveaux de base successifs.
3. L'accumulation, les deltas.
Aux endroits où la pente faiblit, les cours d'eau perdent de leur force et
déposent une partie des matériaux qu'ils transportent. Ces accumulations
prennent souvent des formes triangulaires en éventail. En montagne, les torrents
construisent des cônes de déjection aux endroits où ils débouchent dans les
vallées. En plaine, les dépôts au fond du lit des grands fleuves finissent par
exhausser considérablement les fonds. Les cours d'eau, qui coulent entre les
bourrelets latéraux, en arrivent à dominer les campagnes environnantes et cela
provoque des inondations fréquentes ou des déversements dans des chenaux anciens
situés en contrebas. Le Pô, en Italie, par exemple, constitue une menace : il
faut le contenir par des digues toujours plus hautes.
Aux embouchures des fleuves, il existe toujours des accumulations sous-marines.
Parfois importantes, elles apparaissent à l'air libre sous forme de delta dont
les parties vives grandissent au détriment de la mer à un rythme qui peut
atteindre 100 mètres par an. Le fleuve Niger possède même au Mali un delta
intérieur de 200 kilomètres de long, en plus du delta d'embouchure qu'il a au
Nigeria.
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