|
Comment mesurer le courant d'une rivière, la
profondeur de son lit ou évaluer sommairement la qualité de l'eau par l'analyse
de la faune invertébrée ? Voici quelques méthodes sommaires pour le faire avec
les moyens du bord.
Une vitesse qui varie
En observant feuilles, branches et insectes qui dérivent en surface, on réalise
très vite que la vitesse du courant est loin d’être homogène.
Voici quelques explications.
• La vitesse du courant est plus élevée au centre du lit et plus faible sur la
rive, où l’eau est freinée par la berge et la végétation.
• Elle est maximale entre deux eaux et plus grande en surface que près du fond.
•Un obstacle dans le courant crée un ralentissement à l’amont et un
contre-courant immédiatement à l’aval.
Cette perception du courant est schématiquement celle des poissons, qui
exploitent admirablement ces différences pour se déplacer. Par transparence, on
les regardera moduler leurs efforts. Les invertébrés, excepté ceux qui nagent en
surface comme les gerris, ressentent peu ces écarts. Leur vie sur le fond les
expose à d’autres contraintes, celles du flux d’eau qui s’insinue entre les
rochers et présente de nombreuses turbulences.
Mesurer le courant
• Choisissez un secteur rectiligne où l’écoulement paraît homogène en surface.
• Repérez une berge dégagée facile d’accès.
• Mesurez 20 m et marquez chaque extrémité d’un repère.
• Lancez un bâton sec bien visible dans le milieu du lit, au droit du point
amont, et déclenchez votre chronomètre dès qu’il touche l’eau.
• Courez vers le point aval et notez le temps au passage du bâton devant vous.
• Divisez 20 par le nombre de secondes pour obtenir la vitesse en mètres par
seconde.
On peut tester les différences de vitesse dans le lit en jetant son bâton plus
ou moins près de la rive.
Ceux qui pèchent en barque devront lancer le flotteur de leur ligne à l’aplomb
de la pointe amont de celle-ci et noter le temps mis pour parvenir à la pointe
aval. Il sera alors possible de déduire la vitesse en fonction de la longueur de
la barque. De même, on pourra comparer les valeurs obtenues à différentes
profondeurs en déplaçant le flotteur sur le fil.
Mesurer la profondeur
• En eau rapide : cela est possible au niveau d’une passerelle. Emmenez une
corde graduée tous les 10 cm par un nœud de couleur et lestée d’un poids lourd.
Lancez le poids en amont de la passerelle. Laissez-le dériver lentement jusqu’à
l’aplomb de celle-ci, et relevez-le alors rapidement pour noter la profondeur.
• En eau lente : les mesures se font plus facilement. Équipez-vous d’une canne à
pêche munie d’une ligne avec un flotteur et une plombette se pinçant sur
l’hameçon pour sonder le fond. Lancez la ligne et laissez plonger la sonde
jusqu’à toucher le fond. Levez, ajustez la hauteur du flotteur et relancez la
ligne jusqu’à ce que le flotteur ne soit plus entraîné sous l’eau ou couché en
surface. La mesure de la profondeur en plusieurs points en travers de la rivière
révélera la morphologie irrégulière du fond.
Évaluer la qualité de Veau
L’inventaire des espèces présentes renseigne sur la qualité biologique de l’eau.
Un protocole de prélèvement des animaux et une codification des points attribués
en fonction des familles d’espèces récoltées permettent d’obtenir une note de
qualité comprise entre 1 et 20, appelée indice biologique global normalisé. Sa
valeur est d’autant plus élevée que l’on on a rencontré un nombre total de
familles d’invertébrés élevé et un nombre de familles sensibles à la pollution
élevé.
• Eaux bien oxygénées de bonne qualité : nombreuses larves de perles et
d’éphémères. Faune invertébrée comprenant des espèces d’une quinzaine de
familles différentes au moins.
• Eaux de qualité moyenne : nombreuses larves de libellules et de trichoptères à
fourreau, gammares, mollusques (moules, ancyles, physes, etc.).
• Eaux souffrant de pollution organique : aselles, sangsues, chironomes,
tubifex.
• Eaux très polluées par les matières organiques : nombreuses larves
d’éristales. Faune extrêmement peu diversifiée.
Le simple inventaire de la faune présente dans la rivière à l’amont et à l’aval
d’une station d’épuration révèle les différences de qualité des eaux. Comparez
l’abondance de quelques espèces faciles à identifier, comme les ancyles
(escargots d’eau), les gammares (crustacés) ou les vers rouges (larves de
chironomes).
|