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Les héritages des paléoclimats froids
Phénomènes récents, les climats froids du quaternaire ont façonné des paysages
qui ont conservé, presque intacts, leurs caractères originaux.
1. Des modelés typiques.
Les formes modelées par les agents des climats froids sont d'origine glaciaire
ou périglaciaire. Le travail des glaciers a creusé des formes d'érosion et
édifié des formes d'accumulation : les cirques glaciaires et les grandes
vallées, avec leur profil transversal en auge, qui représentent l'essentiel des
formes d'érosion; des lacs, vastes et profonds lac Léman, lac de Constance, lacs
italiens, lacs Scandinaves...) en occupent les parties sur creusées. Dans les
régions littorales et montagneuses, l'ennoiement des sections inférieures par la
remontée des eaux marines consécutive à la fusion des grands inlandsis explique
la formation des fjords, comme en Norvège. Les formes majeures d'accumulation
sont constituées de moraines, gigantesques entassements de matériaux arrachés et
déposés pêle-mêle par les glaciers.
Dans les régions un peu moins froides, à climat périglaciaire, s'accumulent, en
avant du front des grands inlandsis, des épandages de lœss : il s'agit de
manteaux de particules fines, enlevées par les violents vents quaternaires aux
moraines glaciaires, transportées et répandues sur de vastes régions, qui sont
aujourd'hui parmi les plus fertiles du monde (Ukraine, prairies
nord-américaines). Par ailleurs, le cycle très rapide d'alternance des
températures a modelé des systèmes de versants très originaux : transformés en
boue à chaque dégel, les sols glissaient et s'accumulaient au bas des pentes,
leur donnant un profil type, convexe vers le haut, concave vers le bas, que l'on
retrouve encore dans toutes les régions de plaines et de plateaux de zones
aujourd'hui tempérées.
2. Les phénomènes glaciaires aujourd'hui.
Malgré le réchauffement général des climats, les glaciers n'ont pas totalement
disparu, mais leur présence est beaucoup plus discrète. Seules les deux calottes
de l'Antarctique (13 000 000 km2) et du Groenland (1 650 000 km2) rappellent,
par leur superficie et leur épaisseur, les inlandsis quaternaires. Elles
émettent sur leurs bordures des langues glaciaires parfois très importantes
(dans l'Antarctique, le glacier de Beadmore atteint 200 km de long et parfois 40
km de large), qui libèrent dans les océans voisins d'énormes icebergs,
véritables montagnes de glace, très dangereuses pour la navigation (naufrage du
Titanic en 1911). Étalées en hiver, contractées en été, les banquises couvrent
les océans polaires d'une couche de glace uniforme, peu épaisse et temporaire.
Les glaciers de montagne sont maintenant confinés dans les milieux
haut-montagnards; leur existence dépend de l'abondance des précipitations
neigeuses et de la limite des neiges persistantes. Un glacier comporte, à
l'amont, une zone d'accumulation, correspondant à un amphithéâtre topographique
appelé cirque glaciaire, où s'entasse la neige, qui se compacte et se transforme
peu à peu en glace ; vers l'aval, au-dessous de la limite des neiges
persistantes, la glace fond progressivement : c'est ce que l'on appelle la zone
d'ablation. Cette fusion entraîne le dépôt des matériaux solides transportés par
le glacier et l'édification de moraines frontales, qui jalonnent les étapes du
recul des glaciers. Les eaux de fusion forment des torrents dont le régime de
type nivo-glaciaire (fusion de la neige et de la glace) se caractérise par un
maximum estival.
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