La sécheresse l'hiver dans le sud de l'Europe est un
mécanisme déclencheur de la canicule estivale, mais il faut
également que le printemps soit sec et qu'il n'y ait pas de
perturbations atmosphériques l'été venant de l'ouest ou du
nord, explique Pascal Yiou.
En 2005, par exemple, il a fait très sec pendant l'hiver et
le printemps, et début juin, il a commencé à faire très
chaud. "On n'était pas loin de battre des records, et puis,
de manière imprévisible, des flux de nord et d'ouest ont
apporté beaucoup de nuages, du coup l'été 2005 n'a pas été
particulièrement chaud", fait-il observer.
Il faut en effet un anticyclone pour bloquer la circulation
atmosphérique en provenance de l'ouest, ce qui est très
aléatoire.
Pour que la canicule s'installe, il faut "un flux du sud
pendant l'été et qu'il ait fait très sec auparavant, c'est
ce qui s'est passé en 2003 et en 1976", explique le
chercheur.
Aujourd'hui, "c'est un peu tôt pour tabler sur une canicule
l'été prochain, fait-il remarquer, d'autant qu'il s'est
remis à pleuvoir dans le sud".
Car "le sol mouillé inhibe la canicule, l'eau, en
s'évaporant, refroidissant l'atmosphère", indique Pascal
Yiou, co-auteur avec Robert Vautard, directeur du LSCE,
d'une étude sur le lien entre canicule et sécheresse, qui
doit être publiée prochainement dans la revue scientifique
américaine Geophysical Research Letters.
"Il s'agit d'une étude très sérieuse", a estimé Michel Dequé,
modélisateur à Météo France. "C'est une approche de type
constatation et corrélation plutôt que modélisation",
observe-t-il. Cependant, "ça ne marche pas à tous les
coups", ajoute-il, évoquant le cas de l'été 2005.
Pour qu'il y ait canicule l'été prochain, il faudrait qu'il
ne pleuve pas ou peu en avril et mai, "ce qu'on ne peut pas
encore savoir", et il faudrait en plus un anticyclone sur la
France l'été prochain.
Mais "on peut dire que puisque l'hiver a été sec en
Méditerranée, il y a un peu plus de chances d'avoir une
canicule cet été, souligne-t-il.
On ne peut pas parler de "prévisions" mais ce type
d'approche statistique est exploité depuis très longtemps en
météorologie, rappelle-t-il. Les dictons populaires, tels
"Noël au balcon, Pâques aux tisons" s'appuient d'ailleurs
sur cette pratique d'observation des événements du passé. |